Revue Lieux d'Etre n°41
( Date Anniversaire 20 ans)

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Le mouvement du regard

( ou la rencontre de l'image,de la danse et de la poésie)

Il existe une étrange corrélation entre la photographie et la danse.
Elles se situent toutes les deux sur le même plan. C'est-à-dire le temps et l'espace.
En effet, rien n'est aussi difficile à énoncer que l'intervalle de temps. L'instantanéité de la photo-ce qui ne vieillira jamais plus-ou ce qui a été-le permet, il est aussi ce qu'il deviendra….
Lorsque, dans un livre nous voyons une ligne, nous la lisons, nous la suivons des yeux, comme nous le ferions avec celle/celui qui danse. La parcourir ainsi mentalement équivaut à la vivre en imagination.
La danse a toujours eu partie liée avec le sacré: c'est une cérémonie où la gestuelle évoque un univers relié a notre subconscient et à nos phantasmes personnels.
Elle est instinctive, spontanée, elle ne connaît d'autres lois que celle de l'inspiration, elle permet aussi d'exprimer la vision tragique des rapports humains et des mythes que ces rapports ont suscités depuis la nuit des temps que ce soit chez les Grecs, les indiens d'Amérique ou chez des tribus d'Afrique.
Pour reprendre le propos de Paul Valery : …_ La danse engendre de la même manière toute une plastique: le plaisir de danser dégage autour de soi le plaisir de VOIR danser..(Degas Danse Dessin- Editions Gallimard-)
La danse est la vénération de la vie. Elle est plus qu'un art: une nécessité.
De même, le photographe travaille dans le mouvement pour saisir l'équilibre qui composera la photo.
Les mouvements répondent aux mouvements, alors se forme un _allongement_ de la durée, comme la répétition de motifs et d'écritures dans l'espace. Tout ceci dans l'instant qui doit se vivre pleinement et avec cette conscience aigüe de l'éphémère.
J'ai voulu pour appuyer mon propos, faire partager la série de clichés que j'ai effectuée lors d'une prestation de Maroussia Vossen, improvisant sur des préludes et fugues de Johann Sébastien Bach. J'ai été saisi de ce qu'elle symbolise de bonheur de vivre et aussi comment elle soumet son corps au rythme naturel de la respiration et de la marche.
J'avais là sous mes yeux l'évolution vivante et joyeuse des notes de la partition du maître de Weimar.
La gestuelle de cette danseuse ne propose ni messages, ni systèmes abstraits, elle donne à voir, et elle émeut par l'enchaînement des figures qu'elle propose et par la singularité des gestes dessinés.
Sa danse est un hymne à la vénération de la VIE et au bonheur d'être.
La photographie et la danse ont ceci de commun que leur langage est celui du silence et des signes, c'est une langue muette, faite de lumière et d'ombre exprimant notre présence sensible et émotive au monde.

Henri Zerdoun

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